mercredi 17 avril 2024

zones portuaires

 

Destination Beyrouth


 




Destination Beyrouth

pschitt sous les bras

 


 ".../...
Tu sais combien d'entre-eux s'intéressent à ce que nous faisons? demanda-t-il.
 Je dirais un pour cent pour être large. La vraie force de nos adversaires, elle est là. Ils jouent à craindre nos révélations, mais au fond ils savent que la majorité des citoyens n'a rien à faire qu'Untel ou Untel se serve effrontément ou leur cache la vérité. La seule vérité qui compte pour eux, c'est celle de leur niveau de vie, la satisfaction de leur aspiration bourgeoise.
"Son idéal n'est en effet aucunement le sacrifice, mais la préservation de sa personne. Il n'aspire ni à la sainteté ni à son opposé, et ne supporte pas l'absolu...Il essaie de trouver sa place entre les extrêmes, dans une zone médiane, tempérée et saine où n'éclatent ni tempêtes ni orages violents...On ne peut vivre intensément qu'aux dépens de soi-même...Ainsi assure-t-il sa préservation et sa sécurité au détriment de la ferveur."
Tu peux rester assise ici la journée entière, sur les milliers de gens que tu verras défiler, la quasi-totalité sera conforme  à cette description du bourgeois selon Le loup des steppes.
Je nous vois comme des loups solitaires qui procèdent par attaques fulgurantes contre la meute, laquelle nous le rend avec toute la violence qu'elle s'autorise. Ce qui nous sauve? C'est que, parfois, un individu caché dans la meute se sent maltraité ou, plus rarement, prend conscience que sa vie selon ce"s règles ne mène à rien. Sans ce type de défection, on ne pourrait rien faire, rien savoir, rien prouver. Le plus curieux, c'est que cette grande masse protège des hommes qui ne lui ressemblent pas. Leur avidité, leur détermination à mentir, à voler, à confisquer, à s'approprier le pouvoir. "L'abandon de la voie moyen ne" les rend à priori marginaux. Mais ils ont compris que cette marginalité est tolérable à condition qu'ils préservent au moins l'apparence des équilibres fondamentaux. ils donnent le change en légiférant.
Rien ne rassure plus l'opinion qu'une avalanche de textes qui régissent les rapports entre des gens qui n'ont plus d'ambition collective si ce n'est que la loi tienne l'autre à distance. Ils ne sont même plus éduqués à vivre ensemble et ne voient plus dans la relation à l'autre qu'une alchimie d'intérêts.
Réglementer, légiférer pour mieux encore détourner à son avantage l'essence de la règle, la contourner avec l'aide de myriades de juristes dévoués et coûteux.
Ceux qui font la loi et ceux qui la bafouent font cause commune contre l'individu, encadré, enfermé, asservi à l'Etat et au marché qui jouent depuis des lustres la comédie du désamour et amusent la galerie par leurs prétendues antinomies.
.../..."
Marc Dugain- extrait de: "Quinquennat"
 
 
                        illustration source: Lundimatin
 
 
 

 
 
 
                          
 
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                                          photo source Le Nouvel Obs
 

« Deir al-Balah, Gaza, 7 avril 2024,
Chère Michelle,
J’espère que tu vas bien. Je te remercie pour tes gentils mots à propos de mon ami décédé.

Je viens d’arriver chez moi… enfin dans mon abri, à Deir al-Balah. J’ai passé la journée dans une école de l’UNRWA [l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens, NDLR] où je travaille pour l’association Handicap. Je participe à un programme récréatif pour les enfants. Nous organisons des activités et des jeux éducatifs afin qu’ils puissent exprimer leurs sentiments, leurs émotions négatives, et discuter de ce qu’ils ont vu ou entendu. 

J’aime travailler avec les enfants. J’ai toujours pensé qu’ils étaient les ferments d’une société résiliente, puissante. J’ai souvent encadré des enfants qui risquaient la déscolarisation. Je me souviens d’un groupe avec lequel nous avons travaillé sur la notion de démocratie. Chaque élève jouait un rôle et était chargé d’un élément nécessaire au bon fonctionnement d’un Etat démocratique. Certains incarnaient la justice, d’autres la liberté, etc. Aujourd’hui, je vois chaque jour sur le visage de ces enfants les conséquences dramatiques de l’agression israélienne. Chacun de leurs regards, de leurs cris et de leurs larmes diminue mon espoir d’un futur moins sombre.

Qu’en est-il de tes journées, Michelle ? En quoi la guerre les a-t-elle changées ? Pourrais-tu m’en dire un peu plus sur ton expérience de bénévolat ou tes cours de droit ? J’ai l’impression d’avoir oublié tout ce que j’ai étudié au cours des deux dernières années… 

Pour répondre à tes questions sur ma famille : avant la catastrophe de 1948 [la Nakba, l’exode forcé de plus de 700 000 Palestiniens à la création de l’Etat d’Israël, NDLR], mes arrière-grands-parents vivaient tous les deux en Palestine, dans la ville de Jaffa, la “belle de la Méditerranée”.

Mon grand-père Jamal, qui a 74 ans aujourd’hui, m’a parlé de notre ancien quartier de Menashiya. Il ne l’a jamais vu de ses yeux, ses parents ayant été forcés de quitter leur maison quelques mois avant sa naissance, mais on lui en a suffisamment parlé pour qu’il puisse transmettre son histoire à ses petits enfants. Menashiya était un quartier où des riches Palestiniens de diverses régions et des touristes étrangers venaient passer leurs vacances d’été. Il paraît qu’on pouvait s’allonger sous les orangers et contempler la mer tout en respirant le doux parfum des agrumes. 

Mon arrière-grand-père a été forcé – comme nous aujourd’hui de quitter cet endroit si paisible. Emigrer de force sans retour possible, après le retrait des soldats britanniques et l’arrivée du groupe terroriste (Haganah) qui a commis des atrocités et des massacres contre les Palestiniens. Ils ont violé des femmes, tué et capturé des hommes. Mon grand-père m’a même raconté qu’ils fendaient le ventre des femmes enceintes pour en extraire les bébés. Ma famille a dû vivre dans une tente et subir la famine et le froid.

Il y a six mois, quand l’agression de l’armée israélienne a commencé, mon grand-père Jamal a refusé de quitter sa maison : il ne voulait pas que l’histoire de son père se répète. Il tente de survivre à la famine et à l’occupation israélienne dans le nord de Gaza.

Mes grands-parents maternels, quant à eux, sont partis après la Nakba vers l’Egypte et l’Arabie saoudite. Ma mère est née au Yémen. En 1999, mon grand-père Ahmad a décidé de revenir en Palestine et de s’installer dans la bande de Gaza. Il travaillait pour l’Autorité palestinienne (AP). Il a contribué à l’installation du siège de l’AP à Gaza et en Cisjordanie à la suite des accords d’Oslo [signés en 1993, NDLR]

Nous sommes une famille de la classe moyenne, qui dépend d’un emploi salarié pour vivre au quotidien et payer les études de six enfants – dont quatre ont moins de 18 ans. Je suis l’aînée. Ma mère a divorcé de mon père il y a quelques années et elle est partie travailler dans le commerce au Liban – où est installée une partie de sa famille maternelle pour nous aider à financer nos études supérieures. Je ne l’ai pas revue depuis 2017. La procédure pour sortir de Gaza est difficile et coûteuse, et impossible en temps de guerre. Quant à mon père, il a été suspendu de son poste dans l’administration après la prise de pouvoir par le Hamas à Gaza [en 2007, NDLR].

Moi, ma plus grande préoccupation est d’économiser de quoi acheter un ordinateur portable. J’ai un peu d’argent sur un compte, mais je n’y ai pas accès, parce qu’il n’y a plus de liquide dans les banques. Qu’en est-il de ta situation familiale, Michelle ? 

J’admets que ma vie était quelque peu ennuyeuse avant la guerre, mais j’aimais être cette étudiante en droit un peu intello. Mon rêve, c’est de pouvoir étudier à l’étranger. Je rêve de devenir avocate spécialisée dans les droits de l’enfant et d’enseigner dans les universités palestiniennes.

Tu veux savoir quels sont mes livres préférés : ce sont ceux qui abordent des sujets sociétaux ou psychologiques. J’ai adoré “The Bamboo Stalk” [de Saud Alsanousi, NDLR], “A Thousand Splendid Suns”, un roman de Khaled Hosseini [publié en français sous le titre “Mille soleils splendides”, NDLR] qui raconte l’occupation soviétique en Afghanistan, les talibans, les souffrances de la population. Il décrit la discrimination qui pèse sur les femmes, privées de leurs droits fondamentaux. Je lis en ce moment « Humiliés et offensés » de Dostoïevski. Est-ce que tu as un livre en particulier à me recommander ?

Je suis très intéressée par ton expérience dans ce lycée de Jérusalem où élèves juifs et palestiniens étudient ensemble. Es-tu toujours en contact avec tes camarades palestiniens ? Je suis curieuse aussi de connaître l’expérience de ton petit ami en prison. Peux-tu m’en dire plus sur l’emprisonnement qu’il a subi pour avoir refusé de servir dans l’armée ? A-t-il été torturé ? 
 
 Je reconnais qu’à Gaza nous n’avons pas toujours accès à l’information, à la vérité. Beaucoup d’événements ne nous sont pas rapportés. Mais je dirais que, pour le 7 octobre, nous avons quand même vu ce qu’il s’est passé. J’ai eu de la peine pour les innocents de ton côté qui ont été blessés ou tués. Il ne faut pas généraliser ces actions à tous les acteurs de la résistance palestinienne. Ni notre religion ni nos coutumes ne nous autorisent à maltraiter les civils. Mais nous voyons ces attaques quotidiennes contre la population en Cisjordanie, contre la mosquée Al-Aqsa [à Jérusalem, NDLR], et cela fait dix-huit ans que nous subissons un siège et un régime d’apartheid à Gaza, que nous sommes réduits à la pauvreté et au chômage. Et ces agressions inhumaines qui tuent des dizaines de milliers de femmes et d’enfants innocents, sans l’ombre d’un remords… Dans ces conditions, comment leur reprocher d’avoir commis en retour des crimes contre un petit nombre de tes concitoyens ? Aujourd’hui, nous subissons la famine et les hécatombes. Le meurtre d’humanitaires est la preuve qu’Israël ne veut pas d’une solution pacifique et qu’il utilise le manque de nourriture comme arme contre nous. Pendant ce temps, le monde ne voit en nous que des nombres. Comment pouvons-nous obtenir justice après tous ces massacres ? 

Tu m’as demandé si les habitants de Gaza croyaient encore à une solution pacifique. Les gens sont divisés : certains croient encore en une solution à deux Etats, à un accord de paix comme celui d’Oslo ; d’autres rejettent toute cession de nos terres et toute négociation avec le gouvernement israélien. Ils ne peuvent accepter l’idée d’une normalisation des relations avec Israël, après ce qu’ils nous ont fait par le passé et continuent de faire avec cette agression. Pour ma part, je souhaite la création d’un Etat de Palestine qui inclurait les musulmans, les chrétiens et les juifs, afin que nous puissions vivre ensemble en paix.

Permets-moi de préciser que je ne suis pas une partisane des accords d’Oslo entre la Palestine et Israël. Ils ont certes facilité le retour de réfugiés palestiniens, comme mon grand-père Ahmad, mais le gouvernement israélien n’a pas respecté ses engagements. Il a poursuivi sa colonisation et empêché la création d’un Etat palestinien pleinement autonome et souverain. Et avec ce gouvernement Netanyahou, nous avons affaire à des suprémacistes juifs qui souhaitent effacer notre peuple. Ce gouvernement est la preuve qu’Israël ne souhaite aucun accord de paix avec nous. Et toi, Michelle, quel parti politique, quels hommes ou femmes politiques soutiens-tu ? 
 
 

Si les droits de l’homme et le droit international comptent vraiment pour toi, tu dois admettre quatre choses. Premièrement, Israël est un régime d’apartheid. Deuxièmement, nous avons le droit d’utiliser la force comme “légitime défense” selon l’ONU. Troisièmement, il ne s’agit pas d’une guerre entre deux pays égaux, mais d’un génocide. Et quatrièmement, votre gouvernement occupe nos terres qui étaient et seront toujours peuplées de Palestiniens.

Je sais combien il est difficile de remettre en question tes principes. J’ai lu de nombreux articles sur l’Holocauste et sur l’oppression de ton peuple pendant de longues années. Je suis vraiment désolée que ta famille ait dû subir ça. Et si tu veux bien m’en parler, ça m’intéresserait de savoir si ta famille a été persécutée. Mais tu sais, nous non plus ne sommes pas des animaux que l’on peut priver de tous droits fondamentaux.

Michelle, j’aurais aimé te connaître dans d’autres circonstances. Je suis sûre que ce serait très différent. Mais je suis heureuse de t’écrire et de te lire. C’est une expérience précieuse que de pouvoir mieux connaître ton point de vue et celui des tiens.

Amicalement,
Tala » 
                          Traduit de l’anglais par Dimitri Krier source: Le Nouvel Obs

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Les travaux ont leur porte-voix.
Pas de quoi déranger les chats
qui s'étalent en longueur, largeur ou profondeur
sur la toile évaporée.
Et j'ai peur pour les oiseaux (ceux qui restent),
qui ne donnent pas leur (nouvelle langue) aux chats
 
Les chantiers font leur trous
au bord du golfe
pas de quoi déranger les fleurs qui se font la malle ailleurs,
près des précipices défilant à la vitesse
d'un oeil désabusé, laqué
flegme à tiques.

 Cherche et trouve,
mots à pétales, clichés en pagaille,
du monde à la baille,
mailles qui m'aïe
esquives, croisements, intermèdes qui fuit dans l'oubli
en prose directe
de droit, du gauche,
des lamentations au mur
qui s'effiloche pour l'éternité numérique
et la gloire qui fait pschitt
sous les bras  de sa mouvante sainteté



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